La passerelle japonaise



En 1883, Monet a déménagé sa maison, ses deux fils ainsi qu'Alice Hoschedé et ses enfants, à la communauté rurale de Giverny, où il a loué une maison qu'il a pu acheter sept ans plus tard. Au début de 1893, il a acquis une zone marécageuse à travers les voies ferrées jouxtant sa propriété et a demandé au conseil du village la permission de détourner un petit ruisseau dans celui-ci. Mais ce n'est que vers la fin de cette décennie qu'il se tourne vers le jardin qu'il y a créé comme une riche source d'inspiration artistique.

En 1899, Monet a peint 12 œuvres d'un seul point de vue, se concentrant sur le pont bleu-vert voûté et le microcosme de son jardin d'eau. Parmi les 12 œuvres figurait la passerelle japonaise de la National Gallery. Monet a conçu et construit le paysage qui apparaît dans la peinture - du pont à l'étang et sa forme, aux nénuphars et autres plantations. L'artiste, qui, en tant que chef de file des impressionnistes, avait épousé la spontanéité des œuvres directement observées qui capturent les effets fugaces de la lumière et de la couleur, avait dans ces peintures ultérieures soumis une nature qu'il a recréée à soutenue, examen médité.

Lorsque Monet expose ces tableaux à la galerie Durand-Ruel en 1890, un certain nombre de critiques ont mentionné sa dette envers l'art japonais. Plus parlant, l'enceinte verte impénétrable - rehaussée dans la peinture de la National Gallery par le placement du sommet de l'arc du pont juste en dessous du bord supérieur du tableau - renvoie à l'hortus conclusus (jardin fermé) des images médiévales, tout en évoquant une zone contemplative onirique en accord avec la littérature symboliste, notamment des poèmes comme "Le Nénuphar blanc" de Stéphane Mallarmé. Gustave Geffroy a décrit cet effet dans sa critique de l'exposition (Le Journal, 26 novembre 1900), parlant de « ce bassin minuscule où s'épanouissent de mystérieuses corolles, " et " une piscine calme, immobile, rigide, et profond comme un miroir, sur lesquels s'épanouissent les nénuphars blancs, une piscine entourée d'une verdure douce et suspendue qui s'y reflète."


Impressionnisme
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