Le Mont-Saint-Michel et sa Baie






Valeur universelle exceptionnelle
Brève description

Perché sur un îlot rocheux au milieu de vastes bancs de sable exposés à de puissantes marées, à la limite entre la Normandie et la Bretagne, se dresse « Merveille de l'Ouest », une abbaye bénédictine de style gothique dédiée à l'archange St Michel, et le village qui a grandi à l'ombre de ses murs. Construit entre les XIe et XVIe siècles, l'abbaye est un tour de force technique et artistique, ayant dû s'adapter aux problèmes posés par ce site naturel unique. Ainsi, les solutions pratiques et esthétiques inscrites dans les pierres de l'édifice sont désormais indissociables de son environnement naturel.

Cette abbaye bénédictine, fondée en 966, a été érigée sur un sanctuaire dédié à l'archange Michel depuis 708 et conserve quelques vestiges de l'époque romane. La partie la plus ancienne de l'abbaye actuelle, la petite église préromane à double nef, Notre-Dame-sous-terre, en maçonnerie de granit et briques plates, remonte sans doute au Xe siècle. L'apport de l'époque romane est encore visible dans la nef de l'église abbatiale, dont la traversée est soutenue par le sommet rocheux, et dans un ensemble de bâtiments conventuels en quinconce (l'aumônerie ou galerie d'Aquilon, la galerie couverte des moines dont la chapelle, construit après 1103, serait l'un des premiers exemples de voûte d'ogives).

Mais ce sont les maîtres de l'époque gothique qui, profitant au mieux de la zone réglementée, inventé les hauts murs, les masses montantes, les volumes ouverts, les pinacles aériens et la silhouette pointue du rocher. Le nouveau corps des bâtiments conventuels, construit à partir de 1204, mérite le nom de « Merveille » (Marvel) pour l'élégance de sa conception. Au-dessus de l'aumônerie du XIIe siècle, il comprend les salles célèbres dites des " Hôtes " et des " Chevaliers " et, au dernier étage, en plus du vaste corps du réfectoire, le cloître aux colonnettes groupées en cinq, ouvert d'un côté sur la mer. Parmi les nombreux ajouts ultérieurs, il faut citer le chœur flamboyant de l'église abbatiale, commencé en 1448 pour remplacer le chœur roman qui s'était effondré auparavant.

Le Mont-Saint-Michel, sanctuaire situé dans un endroit difficile d'accès, conformément à la tradition des lieux de culte dédiés à Saint Michel, lieu de pèlerinage fréquenté tout au long du Moyen Âge, et plus tard siège d'une abbaye bénédictine de forte influence intellectuelle, est dans ses aspects les plus caractéristiques, l'un des sites les plus importants de la civilisation chrétienne au Moyen Âge.

Critère (i) :Par la combinaison unique du site naturel et de l'architecture, le Mont-Saint-Michel constitue une réussite esthétique unique.

Critère (iii) :Le Mont-Saint-Michel est un ensemble inégalé, autant en raison de la coexistence de l'abbaye et de son village fortifié dans les limites confinées d'une petite île, quant à l'originalité du placement des bâtiments qui s'accordent avec sa silhouette inoubliable.

Critère (vi) :Le Mont Saint-Michel est l'un des sites les plus importants de la civilisation chrétienne médiévale.

Intégrité

Malgré l'histoire mouvementée du Mont et la destruction de la partie antérieure de l'église, l'intégrité de l'ensemble du site et de l'abbaye est effective. Les restaurations du 19ème siècle ont redonné leur dignité aux bâtiments et leur aspect emblématique, notamment avec la construction de la flèche en 1897. Le village a conservé ses constructions anciennes.

Les valeurs du site ont été maintenues malgré l'ensablement de la baie dû à des phénomènes naturels et surtout la construction d'une chaussée d'accès en 1879, qui fit perdre au Mont son caractère insulaire. A l'issue des grands travaux réalisés par l'Etat en 2015, le caractère maritime du Mont Saint-Michel a été rétabli.

Authenticité

La relation entre le Mont et le vaste paysage environnant de la baie est restée intacte pendant des siècles. Les bâtiments de l'abbaye et du village qui l'entoure, entretenu, restauré ou renouvelé en conséquence depuis le 17, 19e et 20e siècles, sont d'une authenticité remarquable dans leur substance, leur développement ou leur aménagement.

Abolie en 1789 et transformée en prison jusqu'en 1863, l'abbaye est aujourd'hui un monument qui témoigne du passé chrétien, où la présence monastique est assurée par une petite communauté. Son histoire, partagé par trois millions de visiteurs chaque année, rappelle le rôle exceptionnel qu'il a joué.

Les caractéristiques visuelles du Mont , lié à sa topographie, et son statut de repère largement visible, sont très vulnérables aux insertions dans le paysage susceptibles d'altérer le panorama depuis et vers le bien. De plus, la forte fréquentation des visiteurs risque de nuire à l'esprit du lieu.

Exigences de protection et de gestion

L'ensemble de la propriété, construit et naturel, bénéficie d'une protection au niveau national soit au titre du code du patrimoine, soit du code de l'environnement. L'abbaye, ses remparts et dépendances appartiennent à l'Etat et sont inscrits aux Monuments Historiques depuis 1862. Le littoral inclus dans le bien est protégé par la « loi du littoral » et la baie est protégée depuis 1994 par la Convention de Ramsar.

L'Etat a confié la gestion de l'abbaye au Centre des monuments nationaux, un organisme placé sous l'autorité du ministère de la Culture. L'abbaye bénéficie d'importants et réguliers travaux de restauration. Compte tenu de la nature géologique du site, des travaux de consolidation sur les roches sont effectués périodiquement.

La gouvernance partagée entre l'Etat et le Syndicat Mixte de la Baie du Mont-Saint-Michel, créé en 2006, continue avec l'organe appelé la Conférence de la Baie, présidé par le Préfet de région Normandie et les deux présidents des régions Normandie et Bretagne.

Depuis le rétablissement du caractère maritime du Mont-Saint-Michel, la chaussée a été remplacée par une passerelle et un service de navette assure le transport des visiteurs de la localité de La Caserne au pied du Mont. La mise en place de cet équipement a permis de réguler le flux touristique. De plus, les ouvrages hydrauliques comme le barrage du Couesnon où les rejets d'eau chassent les sédiments au large, lutter contre l'ensablement du Mont .
La zone tampon, proposé en 2018, comprend près de 130 communes. Sa limite a été définie à partir d'une étude paysagère où le Mont-Saint-Michel, les principaux panoramas et les Montjoies sont tous visibles. Par ailleurs, une zone d'influence sur le paysage du Mont-Saint-Michel a été définie, à l'exclusion de ses principales installations et équipements, qui complète le système. Elle s'intègre dans les outils de planification tels que les schémas de cohérence territoriale.



Architecture classique
Architecture classique