Pyrénées - Mont Perdu






Valeur universelle exceptionnelle

Brève synthèse

Le massif calcaire des Pyrénées - Mont Perdu, situé à la frontière entre la France et l'Espagne, est composé de reliefs géologiques classiques, notamment des canyons profondément encaissés du côté sud de l'Espagne et des parois de cirque spectaculaires sur les pentes nord de la France. Centré autour du sommet du Mont Perdu qui culmine à 3, 348 mètres, couvrant une superficie totale de 30, 639 ha, la propriété offre un paysage exceptionnel avec des prairies, des lacs, grottes et forêts sur les pentes des montagnes. Les versants nord ont un climat maritime humide tandis que les versants sud bénéficient d'un climat méditerranéen plus sec.

L'implantation humaine dans cette région remonte au Paléolithique supérieur (40, 000 – 10, 000 av. J.-C.) comme les sites des grottes d'Añisclo et d'Escuain, les cercles de pierres de Gavarnie et le dolmen de Tella en témoignent. Des documents du Moyen Âge ont enregistré ces établissements sédentaires dans l'histoire. Ils étaient situés sur les pentes du massif et des vallées voisines, formé par le réseau hydrographique fluvial qui irrigue les champs le long des vallées du nord, et les sentiers et les routes, des ponts, maisons et hospices (comme l'espitau/hospices de Gavarnie, Boucharo, Aragnouet, Parzan, Héas et Pinet).

Ces installations étaient au centre d'un système agro-pastoral basé sur le mouvement du bétail, mouton, vaches et chevaux aux pâturages plus élevés pendant les mois d'été, clairement distincte de l'utilisation des terres dans les plaines voisines. Les vallées du Mont-Perdu et leurs cols ont servi de liens entre les deux communautés, qui avaient plus en commun les uns avec les autres qu'avec leurs communautés respectives dans les plaines. Par conséquent, le système juridique et politique propre à la région, établi depuis longtemps, a une longue histoire d'indépendance vis-à-vis des gouvernements centraux.

L'exploitation d'alpages comme ceux de Gaulis ou d'Ossoue sont un précieux témoignage de ce système de transhumance. C'est l'un des rares endroits en Europe où la transhumance s'est maintenue au fil des siècles. Par des accords ancestraux, Les agriculteurs espagnols font également paître leurs troupeaux du côté français. Cette pratique renforce le caractère transfrontalier du bien du patrimoine mondial.

Critère (iii) :Les alpages et prairies des Pyrénées – Mont Perdu, avec leurs villages et les sentiers qui les relient, sont un témoin remarquable d'un système de transhumance très rare en Europe, encore pratiquée par sept communautés qui vivent principalement à côté du bien.

Critère (iv) :Les hautes vallées et les sommets calcaires des Pyrénées – Mont Perdu sont un exemple exceptionnel de paysage façonné par un système de transhumance pastorale qui s'est développé au Moyen Âge et existe encore aujourd'hui.

Critère (v) :La maquette de l'habitat des Pyrénées – Mont Perdu avec ses villages, champs et prairies, comme base d'une migration saisonnière des hommes et des animaux vers les hauts pâturages pendant la saison estivale, est un exemple exceptionnel d'un type de transhumance autrefois répandu dans les régions montagneuses d'Europe, mais qui aujourd'hui est rare.

Critère (vii) :Le bien est un paysage exceptionnel avec des prairies, des lacs, grottes, montagnes et forêts. En outre, la région est d'un grand intérêt pour la science et la conservation, possédant une panoplie géologique, panoramique, éléments faunistiques et floristiques qui en font l'un des espaces protégés alpins les plus importants d'Europe.

Critère (viii) :Le massif calcaire du Mont Perdu présente une série de reliefs géologiques classiques tels que les canyons profondément encaissés et les cirques spectaculaires. La région se distingue par sa situation au point de collision tectonique entre les plaques ibérique et ouest-européenne. Le bien présente une unité géologique exceptionnelle, formant un massif calcaire avec le Mont Perdu en son centre. Le paysage qui en résulte est très différent sur le versant nord (France) et le versant sud (Espagne).

Intégrité

En ce qui concerne l'impact humain, les Pyrénées font partie du continent européen habité par l'homme depuis des milliers d'années et au sein duquel très peu de régions conservent encore leur intégrité naturelle. Malgré l'apparition de nombreux changements au cours des siècles, le développement n'a pas affecté la géologie du site, ni sa topographie, tandis que la transformation du milieu biologique est restée harmonieuse. Une grande partie de la région, en particulier du côté espagnol, a peu changé. Sur le versant français subsistent encore des activités pastorales et forestières. La transhumance se poursuit dans la région avec des déplacements fréquents des troupeaux d'un côté à l'autre de la frontière franco-espagnole. De nombreux projets d'aménagement (voies ferrées, lignes électriques à haute tension, pistes de ski) ont été rejetées au fil des décennies, et la chasse a été interdite dans les parcs nationaux espagnols en 1918 et en 1967 en France.

Les limites du bien inscrit au patrimoine mondial ont été fixées conformément à l'unité du paysage comprenant le massif calcaire du Mont Perdu comme point focal plutôt que les limites administratives des aires protégées de chaque pays, ce qui pourrait entraîner certaines difficultés en ce qui concerne la gestion et la mise en valeur du site. Une extension de la propriété concernant une petite partie du territoire français, principalement pour des critères culturels, a été adopté en 1999.

Authenticité

L'authenticité du bien est globalement très élevée au regard de deux attributs très étroitement liés :son usage et son aspect. Si l'usage est plus important en termes de « paysage culturel », l'aspect physique est capital pour distinguer la région particulière des Pyrénées. Le paysage a conservé son authenticité de manière remarquable :les éléments naturels dominants (géologie, altitude et climat) et la pratique régulière du pâturage limitent la flore de sorte que le paysage montagneux est complètement dénudé d'arbres et de buissons, particulièrement au-dessus d'une altitude de 2, 000 m. Les éleveurs continuent d'assurer un pastoralisme extensif en parfaite adéquation avec le mode de vie traditionnel des Pyrénées centrales.

Le site constitue un précieux témoignage de l'ancienne société montagnarde, à travers ses paysages et ses villages, fermes, des champs, alpages et sentiers de haute montagne. Le paysage agro-pastoral d'aujourd'hui reflète l'histoire du site. La qualité du bien reste inchangée depuis son inscription.

Exigences de protection et de gestion

Du côté espagnol, le « Plan Rector de Uso y de Gestión » ou Plan de Gestion du Parc National d'Ordesa y Monte Perdido est mis à jour périodiquement, tout comme le « Directeur du plan du Red de Parques Nacionales » (Plan directeur du réseau des parcs nationaux).

La partie espagnole du site correspond approximativement aux deux tiers du site du patrimoine mondial, et coïncide avec les limites du Parque Nacional de Ordesa y Monte Perdido qui a été créé en 1918 et agrandi en 1982, ainsi que sa zone tampon, offrant le plus haut degré de conservation possible pour le patrimoine naturel et humain. Le Parque Nacional de Ordesa y Monte Perdido est inclus dans le réseau Natura 2000, comprenant des réseaux d'Aires de Protection des Oiseaux et de Sites d'Intérêt Communautaire. Par ailleurs, c'est un Site Réserve de Biosphère et Géoparc titulaire d'un diplôme européen délivré par le Conseil de l'Europe et attribué sans interruption depuis 1988. Il fait partie du réseau des Espaces Naturels d'Aragon et du Réseau des Parcs Nationaux espagnols. Il existe huit routes pastorales ou vias pecuarias protégées en tant que patrimoine par les lois nationales et régionales. Des plans de conservation de deux espèces menacées sont mis en œuvre ( Gypaetus barbatus et Cypripendium calceolus ). Le personnel du parc est responsable de différentes tâches telles que patrouiller, informations, maintenance, compensation et gestion administrative.

Le suivi du bien s'appuie sur diverses études scientifiques, y compris la mise en œuvre de projets de recherche liés aux parcs nationaux, la création d'une unité spéciale de recherche pour la surveillance environnementale des différents habitats du Parc National, contrôle qualité par des enquêtes adressées à la fois aux visiteurs et aux riverains, et l'établissement d'un inventaire du patrimoine culturel, comme les malatas (cabanes traditionnelles de berger).

Du côté français, une grande partie du bien (60%) est située dans la zone centrale du Parc National des Pyrénées, qui bénéficie d'une protection spécifique, le reste étant couvert par la zone d'adhérence optimale du Parc. Le Parc national exerce une mission de gestion et de protection du patrimoine environnemental et de sensibilisation du public. Des documents cadres pour la gestion de cette zone sont disponibles.

Le bien est également couvert par un complexe de zones du réseau Natura 2000, qui a pour objectif la conservation de la biodiversité conciliant les exigences des habitats naturels et des espèces avec les impératifs économiques, activités sociales et culturelles menées dans les territoires. Par exemple, le site Natura 2000 « Estaubé, Gavarnie, Troumouse, Barroude » permet une gestion concertée et assumée par tous les acteurs concernés des espaces naturels.

Côté français, le site fait également l'objet de diverses réglementations qui régissent le territoire concerné (dite en France loi du 2 mai 1930 sur les sites classés, et aujourd'hui codifié dans le code de l'environnement).

Actuellement, le site présente le plus haut degré de conservation de la biodiversité au regard des normes européennes en vigueur.

La Charte de coopération (2010-2020) entre les deux parcs et la mise en place du Comité technique transfrontalier pour préparer un programme d'activités éligibles à un financement européen dans le cadre du Programme Interreg IV (POCTEFA) sont susceptibles d'améliorer la gestion de la placer.

Depuis l'inscription du site, plusieurs points nécessitent des éclaircissements, comme le renforcement de la coopération transfrontalière, la mauvaise utilisation de certaines zones du site, pratiques touristiques, amélioration des systèmes de transport, le faible niveau de sensibilisation et d'éducation aux valeurs du site, et le soutien au style de vie traditionnel. Pour aider la population locale et améliorer son niveau de vie, des subventions sont accordées annuellement par le gouvernement de la région d'Aragon et l'État espagnol à des projets de développement durable menés par des particuliers, groupes locaux, entreprises familiales, municipalités ou ONG.

L'Etat français investit également dans ce type d'actions favorisant la reconnaissance de la Valeur Universelle Exceptionnelle des Pyrénées – Mont Perdu par les populations locales. Cette appropriation, respectueux de la protection de la valeur universelle exceptionnelle et de toutes les caractéristiques du bien, est le seul gage d'une implication durable dans la préservation et la valorisation du site, bien entendu, étant entendu que l'intégrité physique et l'authenticité du site ne seront pas affectées.

Le pastoralisme et ses valeurs culturelles sont soutenus par d'importantes aides financières des États français et espagnol ainsi que par des fonds européens :soutien aux travaux (réhabilitation de cases pastorales, chemins, grilles de bétail, points d'eau), aides directes et subventions aux éleveurs pratiquant la transhumance. L'élevage est en outre encouragé par l'utilisation d'hélicoptères par les administrations française et espagnole pour permettre le transport (sel, materiel de construction, matériel de premiers secours) dans des endroits difficiles d'accès.

Bien que la survie de la transhumance soit dictée par les prix du marché international de la viande et par les subventions issues de la politique agricole commune, les deux Etats soutiennent et continueront de soutenir la filière d'élevage transhumant sur le site Pyrénées – Mont Perdu.



Architecture classique
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