Mbanza Kongo, Vestiges de la capitale de l'ancien royaume du Kongo






Valeur universelle exceptionnelle

Brève synthèse

La ville de Mbanza Kongo était la capitale politique et spirituelle du Royaume du Kongo, l'un des plus grands États constitués d'Afrique australe, qui fut actif du 14e au 19e siècle. Situé sur un plateau à 570 mètres d'altitude, elle était prospère lorsque les Portugais sont arrivés au XVe siècle. A la grande agglomération urbaine existante construite en matériaux locaux, les bâtiments en pierre ajoutés et substitués portugais construits conformément aux méthodes de construction européennes, comprenant plusieurs églises. La ville connaît alors l'expansion du christianisme avec l'occidentalisation des élites locales, sans pour autant renoncer à sa culture. Dans sa structure bâtie et ses vestiges archéologiques, la ville garde les traces de ses coutumes, passé colonial et religieux, dont elle est un haut lieu de mémoire. Le royaume de Kongo était au centre de la route la plus importante pour le commerce des personnes réduites en esclavage, qui ont été déportés vers les Amériques et les Caraïbes. Aucun vestige matériel attestant de la traite négrière n'a été retrouvé à ce jour.

Critère (iii) :La contribution du Royaume du Kongo à l'histoire du continent africain est attestée et indéniable, grâce à la documentation disponible couvrant cinq siècles (de 1483 à nos jours) et aux découvertes archéologiques. Sa capitale a conservé les pouvoirs rituels et symboliques incarnés dans la confrérie des Ong Léopard. Après l'arrivée des Portugais, le Royaume a adopté le christianisme, tout en conservant des éléments de coutumes kongo préexistantes. Les vestiges de Mbanza Kongo évoquent ainsi l'importance politique et symbolique du Royaume sur son territoire et son rôle de porte d'entrée permettant au monde chrétien d'entrer sur le continent africain.

Critère (iv) :Le centre politique et religieux de Mbanza Kongo est un exemple exceptionnel d'ensemble architectural qui illustre, comme nulle part ailleurs en Afrique subsaharienne, les profonds changements qui émanent de l'introduction du christianisme et de l'arrivée des Portugais en Afrique centrale au XVe siècle, événements qui ont influencé, non seulement la religion mais aussi le commerce, l'apprentissage et le contact entre l'Afrique centrale et l'Europe, en particulier l'Italie et le Portugal. La cathédrale était debout lorsqu'en 1608, le Pape a accrédité à Rome le premier ambassadeur d'un État d'Afrique subsaharienne au Vatican. Le Collège des Jésuites reflète le statut accordé à Mbanza Kongo en tant que siège d'apprentissage et est le lieu où, en 1624, le premier catéchisme a été écrit en langue Kikongo pour être utilisé pour diffuser le christianisme à travers le Royaume. La ville était au cœur du vaste royaume Kongo qui à son tour était relié à un vaste réseau intercontinental.

Intégrité

Tous les attributs qui expriment la valeur universelle exceptionnelle du bien sont inclus à l'intérieur des limites du bien. Le bien illustre les fonctions politiques et religieuses telles qu'elles étaient exercées au cœur de l'ancien royaume du Kongo. Le bien comprend un ensemble de vestiges évoquant la société précoloniale, et la survie du Royaume sur plusieurs siècles, et les nombreuses églises et les bâtiments militaires et civils laissés par les Portugais. L'état de ces vestiges est globalement satisfaisant, mais il y a des problèmes, dont certains sont sérieux, comme l'insalubrité des sources. Plusieurs fouilles ont commencé pour exploiter le potentiel archéologique d'un riche sous-sol.

Les conditions d'intégrité visuelle du bien sont fragiles, notamment en raison de la présence des antennes de télécommunications (en cours de démantèlement) et de la piste d'atterrissage, situé dans la zone tampon, construit par les Portugais dans l'entre-deux-guerres. La démolition de la piste d'atterrissage, qui est à peine utilisé de nos jours, a été confirmée par l'État partie, et un nouveau site aéroportuaire a été choisi en dehors de la ville.

Authenticité

L'authenticité du bien tient au fait que, depuis sa fondation, il n'a cessé de conserver sa fonction sacrée et symbolique. Les gardiens de la tradition transmettent le prestige sur lequel s'appuyaient les premiers rois :la cour coutumière, qui gère les conflits, a été rétabli après quatre décennies de guerre, comme lien culturel et politique avec une tradition vivante. L'occupation de l'espace urbain est connue depuis le XVIe siècle, comme en témoignent les récits rédigés par les voyageurs portugais. Une certaine continuité a été maintenue dans ce tissu urbain historique, malgré le tracé orthogonal des rues introduit par les Européens, bien que la rue principale ait conservé son ancienne trace. Les nombreuses églises et couvents ont contribué à la stabilité, et il est tout à fait remarquable que le passage des siècles n'ait entraîné aucun empiétement sur l'espace royal, qui est encore clairement identifiable comme le centre spirituel de la communauté.

Exigences de protection et de gestion

Depuis que la constitution angolaise a été établie en 2010, le patrimoine de Mbanza Kongo a été préservé par un ensemble de textes juridiques qui délimitent les limites du bien et de sa zone tampon (décret exécutif de juillet 2014), et répertorie les lieux protégés (arrêté de janvier 2015).
Un comité de gestion participative a été mis en place par décret présidentiel en septembre 2015. Le comité coordonne l'action des entités en charge de la gestion du site (Ministère de la Culture, Gouvernorat de la province du Zaïre, Municipalité, autorités coutumières). La participation des autorités coutumières est un indicateur convaincant de l'implication locale. Deux plans de développement des infrastructures urbaines (eau, énergie, etc.) devraient prendre fin en 2017 ; ils doivent être prolongés. Le plan de gestion 2016-2020 a défini des outils pour assurer la sécurité du bien et rehausser son apparence. Mesures de conservation et de restauration, notamment pour l'ancienne cathédrale (Kulumbimbi), ont été programmés au cours des cinq prochaines années. L'Institut national du patrimoine culturel fournit un cadre de référence pour ces travaux, pour leur coordination technique et pour leur financement. Documentaire, les recherches archéologiques et historiques sur le bien doivent cependant être poursuivies et étendues. Une stratégie de gestion du tourisme devra être élaborée. Les services de protection civile assurent la surveillance du bien. Un plan de régulation urbaine du centre historique de Mbanza Kongo est également en préparation, tandis qu'un arrêté provincial d'août 2013 rend obligatoire un permis de construire préalable pour toute intervention à l'intérieur des limites du bien et dans la zone tampon.



Architecture classique
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