Timgad
Valeur universelle exceptionnelle
Brève synthèse
Timgad, situé au nord du massif des Aurès dans un site montagneux d'une grande beauté, 480 km au sud-est d'Alger et 110 km au sud de Constantine, est un exemple parfait d'une colonie militaire romaine créée ex nihilo. La Colonia Marciana Traiana Thamugadi a été fondée en 100 après JC par Trajan, probablement comme campement de la 3e Légion d'Auguste qui, après, était cantonné à Lambaesis. Son plan, disposé avec une grande précision, illustre l'urbanisme romain à son apogée. Vers le milieu du IIe siècle, la croissance rapide de la ville avait rompu les limites étroites de sa fondation d'origine. Timgad s'étend au-delà des périmètres de ses remparts et plusieurs grands édifices publics sont construits dans les nouveaux quartiers :Capitolium, temple, marchés et bains. La plupart de ces édifices datent de l'époque sévérienne où la ville connaissait son âge d'or, attestée également par d'immenses demeures privées.
Une colonie forte et prospère, Timgad a dû servir d'image convaincante de la grandeur de Rome sur le sol numide. Immeubles, construit entièrement en pierre, ont été fréquemment restaurés au cours de l'Empire :l'Arc de Trajan au milieu du IIe siècle, la porte orientale en 146, et la porte occidentale sous Marc-Aurèle. Les rues étaient pavées de grandes dalles rectangulaires de calcaire et, comme en témoignent les 14 bains que l'on voit encore aujourd'hui, une attention particulière a été portée à la disposition des commodités publiques. Les maisons, de tailles différentes, éblouir par leurs somptueuses mosaïques, destinés à pallier l'absence de marbres précieux. Pendant la période chrétienne, Timgad était un évêché renommé. Après l'invasion vandale de 430, Timgad fut détruite à la fin du Ve siècle par les montagnards des Aurès. La Reconquête byzantine a relancé certaines activités dans la ville, défendu par une forteresse bâtie au sud, en 539, réutiliser des blocs retirés des monuments romains. L'invasion arabe a entraîné la ruine définitive de Thamugadi qui a cessé d'être habité après le 8ème siècle.
Critère (ii) :Le site de Timgad, avec son camp militaire romain, son urbanisme modèle et son type particulier d'architecture civile et militaire reflètent un important échange d'idées, technologies et traditions exercées par le pouvoir central de Rome sur la colonisation des hautes plaines de l'Algérie antique.
Critère (iii) :Timgad adopte les orientations de l'urbanisme romain régi par un maillage remarquable. Timgad constitue ainsi un exemple type de modèle urbain, la permanence du plan originel du campement militaire ayant gouverné l'aménagement du site à toutes les époques ultérieures et continue encore à témoigner de l'inventivité constructrice des ingénieurs militaires de la civilisation romaine, aujourd'hui disparu.
Critère (iv) :Timgad possède un riche inventaire architectural comprenant des typologies nombreuses et diversifiées, relatifs aux différentes étapes historiques de sa construction :le système défensif, les bâtiments d'équipements publics et de spectacles, et un complexe religieux. Timgad illustre une image vivante de la colonisation romaine en Afrique du Nord sur trois siècles.
Intégrité
La clarification des limites du bien a été soumise mais doit encore être examinée. L'ensemble des vestiges de la ville sera inclus dans le périmètre. De plus, une zone tampon adéquate est envisagée.
Aucune intervention n'a eu lieu sur le bien depuis son inscription sur la Liste du patrimoine mondial. Phénomènes naturels (tremblements de terre, météo...) n'ont jamais affecté le site, qui affiche une stabilité remarquable. L'organisation d'un festival culturel annuel a entraîné un afflux de visiteurs, exercer une pression sur la conservation du site en raison de l'escalade et du piétinement des structures fragiles, et passages répétés de moteurs et de véhicules de service sur des structures vulnérables, graffiti, et la gestion des déchets non contrôlés. Le ministère de la Culture a déplacé les activités liées au Festival annuel de Timgad à l'extérieur du site. Cela permettra d'atténuer les impacts négatifs sur le bien. Les travaux de restauration exécutés parallèlement aux fouilles en cours n'ont pas altéré l'intégrité des monuments qui sont, dans tous les cas, rendu vulnérable en raison du manque d'opérations de conservation et de gestion, et la surexploitation.
Authenticité
L'ensemble des vestiges et objets mis au jour témoignent de la valeur universelle exceptionnelle qui a permis l'inscription du bien. L'abandon du site antique, bien qu'à une période ultérieure, et la conduite de fouilles archéologiques quasi-continues depuis 1881 à 1960 a permis à la ville de Thamugadi d'éviter la construction de bâtiments récents, car les moyens mécaniques requis auraient perturbé les vestiges antiques.
Exigences de protection et de gestion
Le site archéologique de Timgad est régi par un Plan de protection et de mise en valeur (PPMVSA), un instrument juridique et technique établissant les actions de conservation et de gestion du bien. L'organisme gestionnaire du bien est l'Office de gestion et d'exploitation des biens culturels (OGEBC). Il exécute toutes les activités concernant la protection, maintenance, la documentation et l'élaboration de programmes de présentation et de promotion. L'OGEBC met en œuvre son programme de protection et de gestion du site en collaboration avec la Direction culturelle de la Wilaya (province) qui dispose d'un service en charge du patrimoine culturel. Le cadre juridique et de gestion comprend les lois 90-30 (loi régionale), 98-04 (relatif à la protection du patrimoine culturel), 90-29 (relatif à l'urbanisme et à l'aménagement), et le Schéma Directeur d'Aménagement et d'Urbanisme (PDAU) de la communauté de Timgad, 1998. Néanmoins, l'État partie considère qu'il est nécessaire de réviser les dispositions légales et administratives concernant le bien pour mieux assurer sa conservation et sa mise en valeur. Il est nécessaire d'examiner l'impact croissant de la réglementation insuffisante du nombre de visiteurs et de véhicules affectant les structures fragiles et leurs abords.