Ville de Luang Prabang
Valeur universelle exceptionnelle
Brève synthèse
Luang Prabang est située au nord du Laos au cœur d'une région montagneuse. La ville est construite sur une péninsule formée par le Mékong et la rivière Nam Khan. Des chaînes de montagnes (en particulier les montagnes PhouThao et PhouNang) encerclent la ville dans un écrin de verdure.
De nombreuses légendes sont associées à la création de la ville, dont un qui raconte que Bouddha aurait souri lorsqu'il s'y reposait lors de ses voyages, prophétisant qu'elle serait un jour le site d'une ville riche et puissante. Connu sous le nom de Muang Sua, puis Xieng Thong, du 14ème au 16ème siècle la ville devient la capitale du puissant royaume de Lane Xang (Royaume du Million d'Eléphants), dont la richesse et l'influence étaient liées à sa situation stratégique sur la Route de la Soie. La ville était également le centre du bouddhisme dans la région. Luang Prabang tire son nom d'une statue de Bouddha, le Prabang, offert par le Cambodge.
Après la création du protectorat français en 1893, suite à une période de troubles au cours de laquelle le pays a été divisé en trois royaumes indépendants, Luang Prabang redevint la capitale royale et religieuse sous le règne du roi Sisavang Vong. Elle joua ce rôle jusqu'à ce que Vientiane devienne la capitale administrative en 1946.
Luang Prabang est exceptionnelle à la fois par son riche patrimoine architectural et artistique qui reflète la fusion de l'architecture urbaine traditionnelle lao avec celle de l'époque coloniale. Son paysage urbain remarquablement bien conservé reflète l'alliance de ces deux traditions culturelles distinctes.
Le centre politique et religieux de Luang Prabang est la péninsule, avec ses résidences royales et nobles et ses fondations religieuses. Le tissu urbain traditionnel des vieux villages, chacun avec son temple, a été conservé par des constructions postérieures. La morphologie urbaine coloniale, y compris le réseau de rues, chevauchait harmonieusement avec le modèle précédent. Autrefois, les limites de la ville étaient définies par des murs défensifs.
La richesse de l'architecture de Luang Prabang reflète le mélange des styles et des matériaux. La majorité des bâtiments sont, suivant la tradition, charpentes en bois. Seuls les temples sont en pierre, tandis que les maisons en briques à un ou deux étages caractérisent l'élément colonial de la ville. Les nombreuses pagodes ou "Vat" de Luang Prabang, qui comptent parmi les temples bouddhistes les plus sophistiqués d'Asie du Sud-Est, sont richement décorés (sculptures, gravures, peintures, dorures et meubles). Wat Xieng Thong, qui date du XVIe siècle, comprend un ensemble des structures les plus complexes de toutes les pagodes de la ville. Elle est remarquable tant du point de vue archéologique, et du point de vue iconographique et esthétique lao. De nombreuses maisons traditionnelles laotiennes subsistent; ils sont construits en bois selon des techniques et des matériaux traditionnels introduits à l'époque coloniale, tels que les panneaux de bambou tressés enduits d'acacia et de torchis. Bâtiments coloniaux en briques, souvent avec des balcons et autres éléments décoratifs en bois, bordent la rue principale et le Mékong. Le patrimoine bâti de Luang Prabang est en parfaite harmonie avec l'environnement naturel. Le mont sacré Phousi se dresse au cœur de la ville historique bâtie sur une presqu'île délimitée par le Mékong et le Nam Khan, domaine des nagas mythiques. Des cérémonies pour apaiser les nagas et autres mauvais esprits, et pratiques religieuses bouddhistes (procession de Prabang, la quête matinale des moines) perpétuent le caractère sacré du lieu. Des espaces naturels situés au cœur de la ville et le long des berges, et les zones humides (réseau complexe d'étangs utilisés pour la pisciculture et la culture maraîchère) complètent ce milieu naturel préservé.
Critère (ii) :Luang Prabang reflète la fusion exceptionnelle de l'architecture traditionnelle laotienne et des bâtiments de style colonial européen des XIXe et XXe siècles.
Critère ( iv ) :Luang Prabang est un exemple exceptionnel d'ensemble architectural construit au cours des siècles alliant architecture sophistiquée d'édifices religieux, constructions vernaculaires et bâtiments coloniaux.
Critère ( v) :Le paysage urbain unique de Luang Prabang est remarquablement bien conservé, illustrant une étape clé dans la fusion de deux traditions culturelles distinctes.
Intégrité
L'intégrité du site inscrit est liée à un patrimoine architectural et culturel situé dans un paysage naturel qui reflète sa valeur universelle exceptionnelle. Tous les éléments significatifs, notamment le tissu urbain et les grands monuments (temples, bâtiments publiques, maisons traditionnelles), ont été conservés. Cependant, le site est menacé par le développement rapide de la ville et les fortes pressions économiques, dont beaucoup sont liés au tourisme (transformation de l'usage des bâtiments, départ des résidents, construction illégale).
Authenticité
Les paysages et le tissu urbain conservent un haut degré d'authenticité, et le site n'est perturbé par aucune construction majeure. Les édifices religieux sont régulièrement entretenus; les moines enseignent aux jeunes moines les techniques de restauration de leur patrimoine. De plus, le culte bouddhiste et les traditions culturelles qui s'y rapportent (rites et cérémonies) sont toujours vivants et pratiqués avec assiduité. Cependant, le degré d'authenticité des matériaux et des techniques de construction de nombreuses maisons est faible, puisque, pendant une longue période, techniques et matériaux modernes inadaptés (béton, en particulier) ont souvent été utilisés pour remplacer les matériaux traditionnels.
Exigences de protection et de gestion
La protection des monuments et édifices religieux de Luang Prabang est assurée par le décret n° 1375 :1978 du ministère de l'Éducation nationale et des Sports, sous la responsabilité des administrations nationales et provinciales de la Fédération bouddhiste lao. Décret n° 139, 1990, du ministère de l'Information et de la Culture confie la responsabilité de la protection du patrimoine à ce ministère (au niveau national), au Service de l'Information et de la Culture (niveau régional) et au district (niveau local). Article 16 de la loi sur la protection de l'environnement n° 09/NA, 1999, se concentre sur l'historique, patrimoine culturel et naturel; L'article 7 traite de l'obligation de réaliser une analyse d'impact socio-environnemental avant d'entreprendre tout projet d'aménagement et d'infrastructure. Loi n°08/NA relative au patrimoine national, promulguée en 2005, renforce cet arsenal juridique. Les autorités ont développé les outils nécessaires à la gestion du bien :loi sur la protection du patrimoine urbain, mise en place d'une coopération décentralisée avec la ville française de Chinon, création d'un département du patrimoine mondial de Luang Prabang et mise en place de comités nationaux et locaux du patrimoine. Le Plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSE) de la ville comporte à la fois un volet réglementaire ayant force de loi et un volet plus adaptable concernant les recommandations pour accompagner les projets tout en laissant une certaine souplesse Les autorités religieuses sont particulièrement sensibles à la valeur de leur patrimoine, avec le soutien de la population. Pour contrer les effets négatifs du développement urbain rapide, le règlement du SEP comporte des mesures que la Direction du Patrimoine doit appliquer sous la responsabilité du Comité Local du Patrimoine et du Comité National. Pour répondre aux nouveaux enjeux (tourisme durable, préservation des paysages et des zones agricoles environnantes), une large zone tampon de 12, 500 ha ont été définis dans le cadre de la révision du Plan d'Urbanisme qui a été approuvé par arrêté du Premier Ministre en février 2012. Grands projets (ville nouvelle, grands hôtels) sont différés jusqu'à ce que leur impact puisse être évalué au regard du Plan. En outre, bâtiments publics (école primaire, Ecole des Beaux-Arts) ne sera pas concédée au secteur privé, mais ils seront restaurés et conserveront leur vocation culturelle. La Maison du Patrimoine a été restructurée pour devenir la Direction du Patrimoine en 2009. La nouvelle Direction du Patrimoine veille à la stricte application du SEP et du Plan d'Urbanisme. Sa mission est également de coordonner les actions du Comité Local, sensibiliser aux valeurs universelles du patrimoine de Luang Prabang et conseiller les acteurs des projets de développement et d'infrastructure. Mesures liées à l'utilisation de matériaux et techniques traditionnels (bois, brique, tuiles et céramiques locales) seront renforcés afin de préserver l'intégrité du patrimoine bâti et des traditions locales de construction.
Montagne sacrée de Sulaiman-Too
Vat Phou et établissements anciens associés dans le paysage culturel de Champassak