Colline royale d'Ambohimanga






Valeur universelle exceptionnelle
Brève synthèse

La Colline Royale d'Ambohimanga constitue un témoin exceptionnel de la civilisation qui s'est développée dans les Hautes Terres Centrales à Madagascar entre les XVe et XIXe siècles et des traditions culturelles et spirituelles, le culte des rois et des ancêtres qui y étaient étroitement associés. La colline royale d'Ambohimanga est le berceau du royaume et de la dynastie qui a fait de Madagascar un état moderne, internationalement reconnu depuis 1817. Il est associé à de forts sentiments identitaires et émotionnels liés au caractère sacré du site à travers ses tombeaux royaux vénérés, ses nombreux lieux saints (fontaines, bassins et bois sacrés, pierres sacrificielles) et ses majestueux arbres royaux. Capitale religieuse et ville sacrée du royaume de Madagascar au XIXe siècle, la colline royale était le lieu de sépulture de ses souverains. Le site conserve des preuves archéologiques claires de l'ancien exercice du pouvoir et de la justice. Elle est encore aujourd'hui le centre des pratiques religieuses pour de nombreux Malgaches et constitue une mémoire vivante de la religion traditionnelle.

La colline royale d'Ambohimanga comprend un système de fortifications avec une série de fossés et quatorze passerelles en pierre fortifiées, une cité royale constituée d'un ensemble cohérent de bâtiments divisé par une enceinte royale et associant une place publique (la Fidasiana), arbres royaux, un siège de justice et autres lieux de culte naturels ou bâtis, un ensemble de lieux sacrés ainsi que des terres agricoles. La cité royale comprend deux palais et un petit pavillon, une « fosse à bœufs », deux bassins sacrés et quatre tombeaux royaux. En outre, le bien désigné abrite les vestiges d'une forêt primaire conservant de nombreuses espèces de plantes endémiques et médicinales.

La colline royale d'Ambohimanga constitue un exemple éminent d'ensemble architectural (le Rova) et de paysage culturel associatif (bois, fontaine sacrée et lac) illustrant des périodes importantes de l'histoire humaine entre le XVIe et le XIXe siècle dans les îles de l'océan Indien. L'élévation particulièrement élevée du Rova indique l'importance politique du site et lui confère une place très importante parmi les groupes fortifiés de l'Imerina (région d'Antananarivo). En raison de sa position géographique, la colline royale d'Ambohimanga offre un panorama complet, la déterminer comme le choix stratégique d'une résidence défensive. Ainsi, Ambohimanga témoigne d'un pouvoir royal fort, un centre de décision servant de modèle pour l'avenir. Le style architectural traditionnel malgache et européen reconnaissable de la ville royale témoigne des diverses phases politiques de l'histoire de Madagascar.

Le paysage de la Colline Royale d'Ambohimanga est associé à des événements historiques importants (lieu d'unification malgache), ainsi qu'aux traditions et croyances vivantes ayant une valeur universelle exceptionnelle (culte des ancêtres). Le caractère éminemment sacré du lieu et de ses composantes justifie le respect et la vénération dont le peuple malgache a fait preuve au fil des siècles. Le site constitue un témoignage remarquable de la culture austro-indonésienne (Indonésie) à travers le culte des ancêtres et les pratiques agricoles, notamment les rizières étagées irriguées d'une part, et la culture africaine (Afrique occidentale et australe) à travers le culte de la personne royale, de l'autre. La nation malgache accorde une importance primordiale et un respect absolu à la colline royale d'Ambohimanga, qu'ils visitent pour s'imprégner de la spiritualité du lieu, pour se renouveler et demander bénédiction et protection pour tout ce qu'ils entreprennent dans la vie. C'est aussi un lieu de culte et de pèlerinage pour la nation, ainsi que pour de nombreux étrangers, et cela depuis des siècles.

Critère (iii) :La colline royale d'Ambohimanga est le symbole le plus significatif de l'identité culturelle du peuple malgache.

Critère (iv) :La conception traditionnelle, les matériaux et l'aménagement de la colline royale d'Ambohimanga sont représentatifs de la structure sociale et politique de la société malgache depuis au moins le XVIe siècle.

Critère (vi) :La Colline Royale d'Ambohimanga est un exemple exceptionnel de lieu où, au fil des siècles, l'expérience humaine commune a été focalisée dans la mémoire, rituel et prière.
Intégrité

La colline royale d'Ambohimanga a conservé son intégrité visuelle. Le site est en bon état de conservation, la végétation recouvre uniformément les pentes de la colline malgré l'invasion de certaines espèces exotiques ou locales (bambusa, lantana, pinus). La forêt de la Colline constitue l'élément résiduel le plus important de la forêt primaire, avec des espèces à feuilles caduques qui couvraient autrefois l'intérieur de Madagascar. Cette forêt contient des endémiques, espèces ligneuses et herbacées et plantes médicinales. L'abondance de « zahana » (phyllarthron madagascariensis) et de plantes médicinales constitue le caractère spécifique de la forêt d'Ambohimanga. En outre, la forêt a conservé ses pouvoirs de régénération et ses cycles biogéochimiques, en particulier celui de l'eau, qui restent actifs, assurer l'utilisation continue de la fontaine sacrée et du lac.
Authenticité

L'aménagement au sommet de la Colline de l'enceinte royale avec ses bâtiments est conforme à la tradition Imerina, en particulier, et de Madagascar en général. Le caractère sacré du site se manifeste dans les pèlerinages et les sacrifices dont il est témoin. Les différents éléments qui le composent sont représentatifs des savoir-faire et croyances traditionnels :les habitations des vivants sont faites de bois et de végétation (matériaux vivants), tandis que celles des morts sont en pierre (matériaux froids et inertes). Les matériaux utilisés respectent les traditions de construction de leur époque. Les travaux de restauration entrepris depuis 1996 utilisent des matériaux et des techniques de construction basés sur les savoir-faire traditionnels malgaches et respectent la vision cosmologique du lieu pour préserver son authenticité. Par ailleurs, les maisons de bois sacrées, symbole des tombeaux royaux démolis par les autorités coloniales françaises, ont été reconstruits en 2008 par l'Etat malgache dans le respect des rites, les règles de construction et les matériaux traditionnels (pour le choix des essences de bois notamment), en raison de leur importance symbolique. Ainsi, les dépouilles mortelles des souverains retirés du site en 1897 ont été replacées dans leurs tombes d'origine pour consolider le caractère sacré du site.
Exigences de protection et de gestion

Le site de la Colline Royale d'Ambohimanga bénéficie d'une protection juridique adéquate :intégré au Service des Domaines Coloniaux depuis 1897, inscrit à l'inventaire national depuis 1939, le site bénéficie des dispositions de l'ordonnance n° 82.029 du 6 novembre 1982 et du décret n° 83.116 du 31 mars 1983. En outre, le site bénéficie également d'une protection juridique communale. Cependant, il est nécessaire de renforcer le cadre juridique pour qu'il soit compatible avec le statut du bien.

Depuis 2006, le bien désigné a été géré par l'Office du site culturel d'Ambohimanga (OSCAR). Cet établissement public, créé par le ministère de la Culture, dispose d'un Conseil d'Administration (organe délibérant), une Commission de suivi scientifique et une Commission de planification de la gestion (organe consultatif) qui travaillent en étroite collaboration avec le Conservateur du site. Une trentaine de collaborateurs assurent la mise en œuvre du plan de gestion à 5 ans élaboré en 2006. Au niveau local, la Commune Rurale d'Ambohimanga Rova collabore avec l'OSCAR pour renforcer la sécurité sur le site. Le comité villageois, composé de représentants de tous les quartiers adjacents et de la communauté locale, (tradi-praticiens) sont également impliqués dans la protection du site. L'OSCAR gère les revenus des droits d'entrée et des subventions de l'Etat.

Le développement spontané d'espèces exotiques (bambusa et lantana) constitue une menace qui à terme pourrait dégrader le paysage naturel. Des actions d'éradication ont été entreprises mais devraient être renforcées pour remplacer rapidement et définitivement ces espèces exotiques par des espèces endémiques. Le risque d'incendie est une autre menace pour le site (forêt, bâtiments) et il est nécessaire d'identifier les partenaires financiers capables de contribuer à doter le bien classé d'un système adéquat de lutte contre l'incendie. Finalement, l'absence d'urbanisme pour le domaine de la Commune Rurale d'Ambohimanga conduit les habitants à ignorer délibérément les mesures de conservation proposées pour la préservation de l'intégrité visuelle du site. Il serait souhaitable qu'un expert en aménagement paysager collabore avec la Commune d'Ambohimanga pour pallier cet écart.



Architecture classique
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