Tombouctou






Valeur universelle exceptionnelle
Brève synthèse
Situé aux portes du désert du Sahara, dans les limites de la zone fertile du Soudan et dans un site exceptionnellement propice à proximité du fleuve, Tombouctou est l'une des villes d'Afrique dont le nom est le plus chargé d'histoire.
Fondée au 5ème siècle, l'apogée économique et culturelle de Tombouctou se produit au cours des XVe et XVIe siècles. C'était un centre important pour la diffusion de la culture islamique avec l'Université de Sankoré, avec 180 écoles coraniques et 25, 000 étudiants. C'était aussi un carrefour et une place de marché importante où se négociait le commerce des manuscrits, et du sel de Teghaza au nord, l'or a été vendu, et du bétail et des céréales du sud.
La mosquée Djingareyber, dont la construction initiale remonte au sultan Kankan Moussa, de retour d'un pèlerinage à La Mecque, fut reconstruit et agrandi entre 1570 et 1583 par l'imam Al Aqib, le Qadi de Tombouctou, qui a ajouté toute la partie sud et le mur d'enceinte du cimetière situé à l'ouest. Le minaret central domine la ville et est l'un des repères les plus visibles du paysage urbain de Tombouctou.
Construit au 14ème siècle, la mosquée Sankoré était, comme la mosquée Djingareyber, restauré par l'Imam Al Aqib entre 1578 et 1582. Il fit démolir et reconstruire le sanctuaire selon les dimensions de la Kaaba de la Mecque.
La mosquée Sidi Yahia, au sud de la mosquée Sankoré, a été construit vers 1400 par le marabout Cheikh El Moktar Hamalla en prévision d'un saint homme qui apparaît quarante ans plus tard en la personne de Cherif Sidi Yahia, qui a ensuite été choisi comme Imam. La mosquée a été restaurée en 1577-1578 par l'imam Al Aqib.
Les trois grandes mosquées de Djingareyber, Sankoré et Sidi Yahia, seize mausolées et lieux publics saints, témoignent encore de ce passé prestigieux. Les mosquées sont des exemples exceptionnels d'architecture en terre et de techniques d'entretien traditionnelles, qui perdurent jusqu'à nos jours.
Critère (ii) :Les mosquées et lieux saints de Tombouctou ont joué très tôt un rôle essentiel dans la diffusion de l'islam en Afrique.
Critère (iv) :Les trois grandes mosquées de Tombouctou, restauré par le Qadi Al Aqib au XVIe siècle, témoignent de l'âge d'or de la capitale intellectuelle et spirituelle à la fin de la dynastie Askia.
Critère (v) :Les trois mosquées et mausolées sont des témoins exceptionnels de l'implantation urbaine de Tombouctou, son rôle important de commercial, centre spirituel et culturel sur la route commerciale transsaharienne du sud, et ses techniques de construction traditionnelles caractéristiques. Leur environnement est aujourd'hui devenu très vulnérable sous l'impact de changements irréversibles. Intégrité
Les trois mosquées et les seize mausolées composant le bien sont un cliché de l'ancienne grande ville de Tombouctou qui, au XVIe siècle, numéroté 100, 000 habitants. Les vestiges du tissu urbain sont essentiels à leur contexte. Cependant, comme indiqué lors de l'inscription du bien, l'urbanisation galopante qui sévit à Tombouctou, comme à Djenné, est particulièrement menaçant pour l'architecture, et les grandes places publiques et marchés. Les structures contemporaines ont fait des brèches irrémédiables dans le morcellement d'origine et dépassent évidemment l'échelle des bâtiments traditionnels. Ce processus est en cours et plus récemment un nouvel institut très grand a été construit sur l'une des places publiques, compromettre l'intégrité de la mosquée Sankore. Les pressions du développement urbain, liés au manque d'entretien et aux inondations, résultant des fortes pluies, menacent la cohérence et l'intégrité du tissu urbain et sa relation avec le bien.
Les trois mosquées sont stables mais les mausolées nécessitent un entretien, car ils sont fragiles et vulnérables face aux changements irréversibles du climat et du tissu urbain. Authenticité
Les trois mosquées conservent leur valeur architecturale, les techniques de construction traditionnelles associées à l'entretien actuel, et leur utilisation. Cependant, la mosquée Sankore a perdu une partie de la place publique qui lui était associée suite à la construction du nouveau Centre Ahmed Baba. Suite à cette construction, le statut de la mosquée dans le contexte urbain et une partie de sa signification ont été compromis et nécessitent un examen et une reconsidération.
Globalement, en raison de la menace des changements fondamentaux de l'architecture traditionnelle et des vestiges de la vieille ville, les mosquées et mausolées risquent de perdre leur capacité à dominer leur environnement et à témoigner du passé prestigieux de Tombouctou. Exigences de protection et de gestion
Le site de Tombouctou dispose de trois outils fondamentaux de gestion :un Plan de Revitalisation et de Sauvegarde de la Vieille Ville (2005), et un plan sanitaire stratégique (2005), qui sont mis en œuvre malgré certaines difficultés; et un plan de conservation et de gestion (2006-2010) est en cours de mise en œuvre et sera réévalué prochainement.
Le système de gestion du bien est globalement approprié car sa protection juridique est assurée conjointement par la communauté de Tombouctou à travers les comités de gestion des mosquées, la Mission culturelle de Tombouctou et le Comité de gestion et de conservation de la vieille ville de Tombouctou. Ce mécanisme est renforcé par deux modalités pratiques de fonctionnement, initié en concertation avec le Centre du patrimoine mondial :le Règlement d'urbanisme et le Manuel de conservation. Les objectifs spécifiques à long terme sont l'extension de la zone tampon d'environ 500 m pour assurer la protection du bien inscrit ; l'aménagement de la place historique de Sankoré pour intégrer les mesures correctives proposées par le Comité lors de sa 33ème session et par la mission de suivi réactif de mars 2010 ; l'extension du bien inscrit pour inclure l'ensemble de la Médina de Tombouctou ; l'élaboration d'un projet de conservation intégrée et de gestion durable et harmonieuse du site, dans le cadre plus large du développement de la commune urbaine et en étroite collaboration avec les élus des Collectivités Territoriales de Tombouctou et les partenaires au développement ; la conservation active des mausolées.



Architecture classique
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